incluant un écran Vu Wall de six mètres.
Les exemples de ce genre abondent d’un bout à l’autre du pays. Le nec
plus ultra : le Centre Bergeron d’excellence en ingénierie de l’Université
York, ouvert depuis avril dernier, où on ne retrouve que des laboratoires
d’apprentissage actif et aucune salle de conférences.
Au printemps dernier, Michael Ullyot, professeur agrégé d’anglais à
l’Université de Calgary, donnait un cours sur Shakespeare à 55 étudiants
dans un des locaux d’apprentissage souple du nouvel Institut Taylor d’enseignement et d’apprentissage. Il pouvait, par exemple, commencer la leçon
avec une présentation SharePoint dont la première diapositive présentait
une question du jour à laquelle tout le monde devait répondre à la fin du
cours. Toute la période était ensuite ponctuée de scènes du film Roméo +
Juliette réalisé par Baz Luhrmann en 1996. Les étudiants passaient ensuite
20 minutes à étudier les divers aspects de chaque scène ou passage, à en
parler avec leur groupe et à publier leurs réflexions sur Twitter, dans un
document Google commun ou sur le blogue du cours. Tout le monde se
rassemblait ensuite à nouveau, et M. Ullyot poursuivait son exposé en
circulant entre les tables, animait un débat en classe ou écoutait les exposés des étudiants.
Il a enseigné de façon similaire dans des salles de classe tradition-
nelles. « Il suffit d’un peu d’imagination », affirme-t-il en prenant toute-
fois soin d’ajouter que « cela ne serait pas possible dans une grande salle
de conférences. »
Il va sans dire que ce type d’enseignement interactif et centré sur les
étudiants présente certains défis lorsqu’il s’effectue dans des salles plus
vastes. Dans un local hybride de 350 places du Centre de technologies en
ingénierie de l’Université de Windsor, les étudiants sont répartis sur trois
niveaux, le long de tables rectangulaires disposées perpendiculairement
à l’avant de la salle. Jacqueline Stagner, coordonnatrice des programmes
de premier cycle de la faculté de génie, y enseigne plusieurs cours de
première année où elle alterne les exposés et les discussions et travaux en
petits groupes ou avec l’ensemble de la classe (toutes les tables sont dotées
de microphones). Lorsqu’un groupe a une question importante, elle allume
son propre microphone et communique la réponse à tout le monde.
Selon elle, cet environnement flexible élimine la perte d’information
qui survient parfois entre les cours magistraux et les classes dirigées. « J’ai
récemment enseigné dans un amphithéâtre plus classique et j’ai eu beau-
coup de mal, affirme Mme Stagner. Je me suis habituée à la disposition des
nouvelles salles de classe. »
« Celle salle nous permet d’enseigner différemment », affirme Gavin
Brockett, professeur agrégé en histoire, religion et culture à l’Université
Wilfrid Laurier. Il utilise la salle verte, qui peut accueillir 40 personnes,
depuis son ouverture en 2012. Il traversait alors une sorte de crise en
enseignement : le taux de présence à ses cours pouvait chuter jusqu’à
40 pour cent avant le milieu du trimestre. Il était donc prêt à essayer de
nouvelles techniques pour motiver davantage ses étudiants.
Dans la salle verte, M. Brockett a demandé à ses étudiants de faire
des exposés sur les pirates de la Méditerranée au XVIe siècle et a organisé
des projets de groupe par vidéoconférence avec des étudiants en Turquie.
Même s’il lui faut plus de temps et de créativité pour préparer ses cours,
ce qu’il avoue trouver difficile (« J’enseigne l’histoire. Ce n’est pas dans
mes cordes. »), il maintient le cap. « J’ai bien plus de plaisir lorsque les étudiants sont au rendez-vous. » Et ils y sont : selon lui, le taux de présence à
la mi-trimestre atteint maintenant plus de 90 pour cent.
Cet espace a permis à M. Brockett d’adopter une méthode d’enseignement plus active et centrée sur les étudiants, qui consiste à réserver du temps
en classe aux discussions de groupe et aux activités autres que les cours
magistraux traditionnels. Les locaux habituels peuvent présenter certaines limites à cet égard. Il peut être frustrant de devoir déplacer de lourds
bureaux avant les travaux de groupe ou d’essayer de lancer une discussion
dans une vaste salle de conférences offrant une mauvaise acoustique.
L’Université McGill a commencé à rénover des salles de classe dans
cette optique en 2006 et a complètement intégré l’apprentissage actif à
une de ses salles de classe en 2009, conformément au protocole SCALE-UP (milieu d’apprentissage actif centré sur les étudiants et la pédagogie
inverse) de l’Université d’État de Caroline du Nord. En 2012, l’Université
Queen’s a commencé à transformer ses locaux et compte maintenant
quatre salles d’apprentissage actif. L’Université Laval en possède aussi un
certain nombre, en plus d’avoir récemment lancé dans sa faculté d’administration un nouvel espace d’enseignement hautement technologique
L’apprentissage actif et centré sur les étudiants
gagne en popularité et métamorphose les
locaux d’enseignement par Diane Peters
NOUVELLE ÈRE,
NOUVELLES SALLES
DE CLASSE
Résumé de l’article « New classrooms for a new era » débutant en page 12.
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