Les pharmaciens formés à l’étranger ont le choix entre deux parcours
pour obtenir leur permis d’exercice au Québec : soit ils peuvent s’inscrire
au programme Qualification en pharmacie, soit ils doivent réussir l’examen national du Bureau des examinateurs en pharmacie du Canada. « Le
taux de réussite à l’examen n’est pas tellement élevé, c’est pourquoi un
certain nombre de candidats présentent une demande d’inscription au
programme Qualification en pharmacie », explique Marie-Claude Vanier,
directrice du programme. Ce programme affiche quant à lui un taux de
réussite global de 88 pour cent.
Le programme Qualification en pharmacie offre des stages dans des
hôpitaux et des pharmacies : un stage d’une semaine la première année,
puis deux stages de huit semaines la deuxième année. « Il est toujours
difficile de trouver suffisamment de stages pour les étudiants, précise
Mme Vanier. Nous sommes très limités par le nombre de postes en labora-
toire leur permettant d’exercer. »
À elle seule, la réussite du programme Qualification en pharmacie ne
permet pas aux diplômés d’exercer au Québec. Pour avoir ce droit d’exer-
cice, les diplômés doivent aussi effectuer le stage imposé par l’OPQ. Celui-
ci est long et non rémunéré, et les diplômés doivent trouver un lieu de
stage sans l’aide de l’OPQ ou du programme Qualification en pharmacie.
Ever Andres Herrera Cantor, 31 ans, et sa femme Maria Fernanda Castro
Herrera, 29 ans, ont été pharmaciens pendant quatre ans en Colombie avant
d’émigrer au Québec en 2013. Ils cherchaient à améliorer leur qualité de vie
et un milieu d’exercice plus axé sur les patients que celui de la Colombie.
Dans le cadre de ses activités auprès du conseil des pharmaciens de la
Colombie, M. Herrera Cantor avait discuté avec des pharmaciens d’autres
pays et déterminé que le Canada offrait les meilleures perspectives. « À
l’époque, il était plus facile et rapide de s’installer au Québec que dans les
autres provinces, et nous connaissions l’existence du programme Qualification en pharmacie », indique-t-il.
Le couple a attendu six mois avant que l’Ordre ne les autorise à présenter une demande d’inscription au programme. Le programme leur a semblé
très exigeant, mais utile. « Le programme est très rigoureux. Il faut se con-sacrer entièrement aux études, explique Mme Castro Herrera. Le suivre en
couple offre un certain avantage : si l’un a de la difficulté, l’autre peut aider. »
Une fois le programme Qualification en pharmacie terminé, M. Herrera
Cantor souhaite acquérir de l’expérience à titre de pharmacien rémunéré, puis économiser afin d’acheter sa propre pharmacie. Pour sa part,
Mme Castro Herrera souhaite terminer ses stages avant de définir son parcours professionnel.
on entend souvent parler – à juste titre parfois – de professionnels formés
à l’étranger qui conduisent un taxi pour gagner leur vie au Canada. Selon un
sondage mené par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada en 2006,
1 525 chauffeurs de taxi du Canada sont titulaires d’une maîtrise et 255,
d’un doctorat ou d’un diplôme en médecine.
Le génie est le domaine d’études le plus courant chez les professionnels
qui viennent s’installer au Canada. Or, seulement 19 pour cent des immigrants titulaires d’un diplôme en génie et occupant un emploi au Canada
exerçaient à titre d’ingénieurs en 2006, contre 42 pour cent chez les diplômés en génie nés au Canada.
Plusieurs universités canadiennes offrent des programmes de transition
pour aider les professionnels formés à l’étranger – dentistes, ingénieurs,
pharmaciens, professeurs et autres professionnels – à surmonter les obstacles à l’agrément et à intégrer la société canadienne avec succès. Ces
programmes assurent une mise à niveau des titres universitaires et une
familiarisation avec les modalités d’exercice au Canada.
Marie Bountrogianni, doyenne de la G. Raymond Chang School of
Continuing Education à l’Université Ryerson (et ancienne ministre de
l’Immigration de l’Ontario), estime que ces programmes sont à la fois al-truistes et favorables à l’économie du marché du travail. « Il est contraire à
l’éthique d’inciter des personnes très instruites à venir s’installer au Canada
pour ensuite leur refuser le droit d’exercer leur profession ou une profession connexe, ajoute-t-elle. Il faut aussi considérer l’aspect économique de
la question : dès que ces nouveaux Canadiens très instruits commencent à
travailler et à payer des impôts, ils contribuent à la prospérité du Canada. »
L’Université de Montréal offre le programme Qualification en pharmacie, un programme de transition à l’intention des pharmaciens formés
à l’étranger qui, depuis sa création en 2011-2012, a formé 107 diplômés.
La cohorte actuelle réunit 35 candidats, sélectionnés à partir de 121 demandes d’inscription. Le programme Qualification en pharmacie doit
compter au moins 25 participants pour être admissible à une subvention
annuelle du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion
du Québec.
D’une durée de 16 mois, le programme exige des participants qu’ils
obtiennent 64 crédits. Selon l’évaluation des titres universitaires réalisée
par l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), ce nombre de crédits
peut toutefois être bien moindre. En moyenne, les pharmaciens formés à
l’étranger paient des frais de scolarité de 1 600 $, soit le même montant
par crédit que les étudiants québécois inscrits au programme de pharmacie
de l’Université de Montréal.
Les programmes de transition comme celui de l’Université
de Montréal destiné aux pharmaciens aident les professionnels
formés à l’étranger à obtenir un agrément au Canada.
Faire la transition
Résumé de l’article « Bridging the gap » débutant en page 28.
par Sheldon Gordon